samedi 3 février 2018

La consommation de somnifères et de tranquillisants reste importante en France

La consommation de benzodiazépines, principalement les tranquillisants et somnifères, a baissé de 10% entre 2012 et 2015, atteignant son niveau le plus bas depuis 2000 selon l’Agence nationale de sécurité et du médicament et des produits de santé. Mais les plus de 65 ans en consomment encore trop.


Bien que les dernières données montrent une baisse de la consommation de benzodiazépines, le nombre d’utilisateurs en France reste cependant élevé. Près de 13,4% de la population française a ainsi consommé en 2015 au moins une fois une benzodiazépine (anxiolytique principalement).
La France se situe derrière l’Espagne au 2ème  rang de la consommation des benzodiazépines en Europe, mais c’est en France que la plus forte diminution est observée entre 2012 et 2015 (10 % versus 5,1% de diminution  globale en Europe).
En 2015, 64,6 millions de boîtes de benzodiazépines anxiolytiques (versus 64,9 en 2010) et 46,1 millions de boîtes d’hypnotiques (versus 48,2 en 2010) ont été vendues en France.
La proportion d’utilisateurs de benzodiazépines est en baisse de 5,7% en 2015 par rapport à 2012. Cette baisse est plus prononcée pour les hypnotiques (-12,8%) que pour les anxiolytiques (-3,8%). La consommation concomitante d’anxiolytique et d’hypnotique a également diminué, passant de 3,1% en 2012 à 2,7% en 2015
Ce sont les femmes qui consomment le plus de benzodiazépines, quel que soit l’âge. Cette prévalence augmente avec l’âge et est la plus importante chez les femmes de plus de 80 ans.
La proportion de français ayant débuté un traitement par benzodiazépines, quelle que soit l’indication, est de 5,4%. Elle est restée stable entre les années 2012 et 2014 pour les benzodiazépines anxiolytiques, mais a en revanche légèrement diminué pour les benzodiazépines hypnotiques.
L’âge médian des nouveaux utilisateurs de benzodiazépines (anxiolytiques et hypnotiques) est de 49 ans.
Les traitements sont initiés par un médecin généraliste dans environ 82 % des cas. La durée du premier épisode de traitement est inférieure ou égale à 28 jours dans 75 % des cas et inférieure à 12 semaines dans 90% des cas. De 2012 à 2014, 15% des nouveaux utilisateurs ont eu un premier épisode de traitement d’une durée non conforme avec les recommandations, parmi lesquels environ 2% de plus d’un an.
Les benzodiazépines les plus utilisées sont l’alprazolam, suivi du zolpidem et du bromozépam. Il est à noter cependant une diminution de la consommation de zolpidem et zopiclone concordante avec une baisse de la consommation des hypnotiques.
Les benzodiazépines anxiolytiques à demi-vie longue (bromazépam et prazépam) sont moins consommées au profit des benzodiazépines à demi-vie courte (alprazolam et oxazépam) qui présentent un risque théorique plus important de dépendance mais un moindre risque d’accumulation dans l’organisme en particulier chez la personne âgée.
Suite à la mise en place en 2011 et 2012 de mesures réglementaires plus strictes encadrant l’accès au clonazépam, principale benzodiazépine anticonvulsivante, une forte baisse de sa consommation a été observée. Elle a ainsi diminué de 84% en 5 ans.

Autre approche, le 1er février, la ministre de la Santé de Belgique, Maggie De Block, a lancé une vaste campagne intitulée « Somnifères et calmants, pensez d’abord aux autres solutions ».
L’objectif est de sensibiliser aux risques des benzodiazépines qui incluent les calmants (anxiolytiques tels que Xanax, Valium, Lexomil...) et les somnifères (tels que Zolpidem…) et de promouvoir des alternatives plus saines. "les patients doivent être prêts à investir suffisamment de temps et d'énergie dans une approche non médicamenteuse des troubles du sommeil, de stress ou d'anxiété et à demander des médicaments moins rapidement"
Rappelons qu'alors que la consultation psychologique peut faire partie des solutions, le gouvernement fédéral belge a donné son feu vert, en juillet 2017, pour le remboursement des soins psychologiques. Selon les estimations de la Fédération belge des psychologues, le budget de 22,5 millions d'euros prévu à cet effet devrait rendre possible le remboursement de 3 à 4 séances par an par patient. Le remboursement pourrait entrer en vigueur à la fin 2018.



État des lieux de la consommation des benzodiazépines en France Avril 2017 - Rapport (06/04/2017) application/pdf (2607 ko)