samedi 1 mars 2014

Visualisation et imagerie mentale

Sommaire :


Visualisation et imagerie mentale
 extrait
Il n'existe sans doute pas de limites aux situations dans lesquelles la visualisation ou l’imagerie mentale peuvent jouer un certain rôle. Mais dans beaucoup de cas, l'effet ne peut être évalué que de manière subjective. Mentionnons aussi que ces approches sont souvent utilisées de concert avec d’autres techniques similaires, l’autohypnose et la relaxation, par exemple. Il est donc parfois difficile de départager l’action spécifique de chacune d’elles. La visualisation est une pratique sans danger, pourvu qu'on ne la choisisse pas au détriment d'un traitement susceptible d'avoir une plus grande efficacité. Il n'y a donc pas de risque à l'essayer dans toutes sortes de situations. Le Dr Andrew Weil2 la suggère en particulier, mais sans s’y limiter, dans le cas de maladies que l’on soupçonne de posséder une importante composante psychologique, comme les maladies de la peau, les maladies reliées au stress, plusieurs maladies auto-immunes, etc.
Efficace Réduire et prévenir le stress et l’anxiété, et améliorer le bien-être. Deux synthèses d’études concluent que la visualisation, souvent en conjonction avec d’autres techniques similaires, peut réduire le stress et l’anxiété et contribuer au bien-être général des personnes bien portantes3,4. Une autre conclut qu’elle peut également améliorer le bien-être des personnes souffrant de maladies graves, comme le cancer ou le sida5. La visualisation peut aussi contribuer à soulager les manifestations de la plupart des problèmes de santé liés au stress ou susceptibles d'être aggravés par celui-ci, de l’hypertension à l’insomnie en passant par l’arthrite et l’infarctus du myocarde.
Efficace Réduire les effets indésirables de la chimiothérapie. À la suite des conclusions de 3 synthèses d’études3,4,6, il est désormais reconnu que les techniques de relaxation, dont la visualisation, réduisent de façon marquée les effets secondaires indésirables de la chimiothérapie. Les chercheurs mentionnent en particulier des effets contre les nausées et les vomissements et contre les symptômes psychologiques comme l’anxiété, la dépression, la colère ou l’impression d’impuissance.
Efficacité probable Réduire la douleur. Une synthèse d’études7 portant sur les thérapies « corps-esprit » pour le contrôle de la douleur conclut que ces approches, dont la visualisation et l’imagerie, peuvent être bénéfiques, en particulier quand elles sont employées en interaction les unes avec les autres. On cite les cas de maux de dos chroniques, d’arthrite, de migraine et de douleurs consécutives à des chirurgies.
Par contre, en 2011, les auteurs d’une synthèse d’études réalisées sur le soulagement des douleurs musculosquelettiques n’ont pu conclure que l’imagerie mentale était efficace. Cette conclusion était due à la qualité déficiente des études recensées8.
Efficacité probable Améliorer les fonctions motrices. L’imagerie mentale et la visualisation semblent avoir un effet positif sur l'amélioration des fonctions motrices. D’après les conclusions de 2 synthèses d’études9,10, elles s'appliquent tant dans le domaine du sport que dans celui de la physiothérapie. Selon une autre étude11, un entraînement « virtuel » pourrait, dans certaines circonstances, être aussi efficace qu’un entraînement réel pour inculquer des habiletés motrices complexes à des patients souffrant de difficultés d’apprentissage. D'autres études seront cependant nécessaires pour confirmer ces résultats.
Efficacité probable Réduire l’anxiété préopératoire ainsi que la douleur et les complications postopératoires. Deux articles descriptifs11,23 et 4 études cliniques14-17 indiquent que la visualisation, entre autres par l’écoute d’enregistrements avant, pendant et après une chirurgie majeure, pourrait réduire l’anxiété qui y est reliée. On a aussi constaté une amélioration du sommeil, un meilleur contrôle de la douleur et un moins grand recours aux analgésiques. Une étude clinique aléatoire18, portant sur 208 personnes opérées pour une hernie inguinale ou un goitre, a même permis de constater que celles ayant bénéficié de techniques de visualisation avant la chirurgie avaient montré moins d’hématomes postopératoires, avaient ressenti moins de douleurs et utilisé moins d’analgésiques.
Efficacité probable Améliorer la qualité de vie relativement au cancer. De nombreuses études, de qualités méthodologiques variées19-25, concluent que la visualisation, entre autres par l’intermédiaire d’enregistrements sonores, améliore la qualité de vie des patients atteints de cancer. On signale une baisse de l’anxiété, une attitude plus positive, plus de vigueur et de meilleurs rapports sociaux.
Efficacité possible Soutenir la créativité. Selon une méta-analyse26 de 9 études regroupant près de 1 500 sujets, il semble que la visualisation pourrait jouer un certain rôle auprès des individus créateurs. On y précise toutefois que la créativité est un phénomène éminemment complexe et que la visualisation n’est qu’un des très nombreux éléments qui y participent.
Efficacité possible Réduire les symptômes de la migraine. Deux études, l’une prospective27 (260 sujets) et l’autre aléatoire28 (40 sujets), indiquent que l’écoute régulière d’enregistrements de visualisation permettrait de réduire les symptômes désagréables reliés à la migraine, surtout en ce qui concerne la douleur et la vitalité. Par contre, cela n’aurait pas d’effet important sur la fréquence ou l’intensité de cette affection.
Efficacité incertaine Améliorer la qualité de vie des gens atteints d’ostéoarthrite. La dégénérescence du cartilage et la douleur associées à l’ostéoarthrite contribuent grandement à la diminution de la qualité de vie des personnes atteintes. En 2010, des chercheurs ont évalué l’effet de la visualisation combinée à la relaxation chez 30 femmes âgées de plus de 55 ans29. Après 16 semaines, les participantes pratiquant la visualisation et la relaxation ont constaté une amélioration de leur qualité de vie (mobilité, réalisation des tâches quotidiennes, humeur, activités sociales, diminution de la douleur, etc.) plus grande que celle du groupe témoin.
Efficacité incertaine Améliorer la qualité de vie des gens atteints de fibromyalgie. Deux petites études cliniques, réalisées par la même équipe de chercheurs américains, l’une en 2006 après 6 semaines de visualisation30, et l’autre en 2008 après 10 semaines de visualisation accompagnée de relaxation31, ont montré une amélioration de la capacité fonctionnelle des individus et une meilleure gestion de la douleur et des symptômes associés à la fibromyalgie.
Efficacité incertaine Améliorer la qualité de vie des femmes atteintes de cystite interstitielle. En 2008, les résultats d’une petite étude pilote (25 sujets) ont montré que 25 minutes de visualisation, 2 fois par jour pendant 8 semaines, pouvaient diminuer les envies fréquentes d’uriner et les douleurs à la région pelvienne35. Ces améliorations ont été observées chez 45 % des femmes pratiquant la visualisation comparativement à 14 % dans le groupe témoin. Cela laisse présager que la pratique régulière de visualisation pourrait aider certaines femmes souffrant de cystite interstitielle.
Efficacité incertaine Améliorer la réadaptation après un accident vasculaire cérébral. En 2010, une revue systématique de la littérature scientifique a évalué l’utilisation de la visualisation pour aider à la réadaptation des victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC)32. Selon les chercheurs, la visualisation en complément à la physiothérapie améliorerait les résultats obtenus avec les thérapies classiques. Cependant, la faible qualité méthodologique des études cliniques retenues empêche de tirer des conclusions plus claires pour le moment. En 2009, 2 petites études cliniques réalisées par un même groupe de chercheurs, non incluses dans la revue systématique, ont évalué 35 patients durant leur réadaptation post-AVC. Elles ont montré que l‘imagerie mentale pouvait leur être utile dans l’amélioration de la capacité fonctionnelle des patients33,34.
Efficacité incertaine Réduire les cauchemars chez l’enfant. Une petite étude clinique aléatoire a évalué 26 enfants de 9 ans à 11 ans souffrant de périodes récurrentes de cauchemars (1 ou plus par semaine) dans leur sommeil36. Le lendemain soir du cauchemar, les enfants devaient utiliser l’imagerie. Avant de s’endormir, les enfants devaient revoir le cauchemar et le revivre en le modifiant de façon qu’il ne soit plus un cauchemar. Les auteurs ont observé une diminution du nombre de cauchemars chez les enfants pratiquant l’imagerie et cette diminution était encore présente 9 mois après l’arrêt de l’étude.
Efficacité incertaine Réduire la douleur abdominale chez l’enfant. Une petite étude clinique aléatoire a évalué 34 enfants de 6 ans à 15 ans souffrant de douleur abdominale37. Pendant 2 mois, les enfants recevaient soit les soins standards ou les soins standards combinés à de l’imagerie mentale. Les résultats ont montré que les enfants recevant la combinaison de traitements avaient moins de douleur abdominale et d’incapacité, consultaient moins et notaient une amélioration de leur qualité de vie comparativement aux enfants recevant les soins standard.
Efficacité incertaine Améliorer la qualité de vie des individus atteints de la maladie de Parkinson. En 2009, les résultats d’une petite étude pilote, réalisée auprès de 20 sujets atteints de la maladie de Parkinson, ont montré que de 10 à 15 minutes d’imagerie mentale pouvaient diminuer les tremblements chez ces individus, jusqu’à 2 à 14 heures après les séances38. Cependant, en 2011, une autre petite étude faite auprès de 47 sujets atteints de la maladie de Parkinson a comparé l’effet de la thérapie usuelle (physiothérapie) à une combinaison physiothérapie et imagerie mentale39. Après 6 semaines, aucune différence n’a été observée entre les groupes en regard des capacités fonctionnelles des sujets.
Efficacité incertaine Améliorer la réadaptation chez des patients brûlés. En 2009, 14 patients ayant subi des brûlures graves aux mains ont soit expérimenté la visualisation au cours des 5 premiers jours de réadaptation, soit fait partie d’un groupe témoin40. Les auteurs concluent que la visualisation peut être considérée comme une intervention efficace, car les patients pratiquant la visualisation montraient de meilleures performances motrices et une vitesse de récupération augmentée.
Efficacité incertaine Réduire l’hypertension chez les femmes enceintes. Une petite étude exploratoire a évalué l’effet de 2 séances quotidiennes d’imagerie mentale ou de relaxation pendant 4 semaines auprès de 69 femmes enceintes41. Des améliorations de la tension artérielle ont été observées chez les femmes du groupe imagerie comparé aux femmes en relaxation. Cependant, cette diminution n’est pas significativement différente lorsque les résultats sont ajustés pour les taux initiaux de tension artérielle des femmes et selon le nombre de semaines de gestation. Par ailleurs, aucun effet n’a été observé en regard de l’anxiété des participantes.