mardi 25 octobre 2016

Douleurs au pluriel

On distingue plusieurs types de douleurs :

 douleur aiguë

La douleur aiguë est liée à une atteinte tissulaire brutale (traumatisme, lésion inflammatoire, distension d’un viscère…).
Elle est souvent associée à des manifestations neurovégétatives (tachycardie, sueurs, élévation de la pression artérielle) et à une anxiété.
C’est un signal d’alarme dont la ‘finalité’ est d’informer l’organisme d’un danger pour son intégrité.
Une fois son origine identifiée, sa prise en charge nécessite sa reconnaissance et un traitement essentiellement pharmacologique reposant sur les antalgiques  avec un objectif curatif.

Douleur procédurale

C’est la douleur induite par les soins (ponction, pansement, prise  de sang, mobilisation du patient…).
Sa prise en charge nécessite l’identification préalable des soins potentiellement douloureux et la mise en place de protocoles qui ont un objectif préventif (pose d’anesthésiant local avant ponction, prémédication avec un antalgique d’action rapide immédiatement avant la réalisation d’un soin douloureux…).
La prise en charge de la douleur procédurale doit être une préoccupation constante de tout professionnel de santé et c’est un élément majeur de la qualité des soins

Douleur chronique


La Haute Autorité de Santé définit la douleur chronique comme un syndrome multidimensionnel exprimé par la personne qui en est atteinte. Il y a douleur chronique, quelles que soient sa topographie et son intensité, lorsque la douleur présente plusieurs des caractéristiques suivantes :
  • persistance ou récurrence, qui dure au-delà de ce qui est habituel pour la cause initiale présumée, notamment si la douleur évolue depuis plus de 3 mois ; réponse insuffisante au traitement ; 
  • détérioration significative et progressive du fait de la douleur, des capacités fonctionnelles et relationnelles du patient dans ses activités de la vie journalière, au domicile comme à l’école ou au travail.
Lorsqu’elle devient chronique, la douleur perd sa ‘finalité’ de signal d’alarme et elle devient une maladie en tant que telle qu’elle que soit son origine.
La douleur chronique est fréquemment associée à des facteurs de renforcement qui participe à son entretien comme :
  • des manifestations psychopathologiques ;
  • une demande insistante par le patient de recours à des médicaments ou à des procédures médicales souvent invasives, alors qu‘il déclare leur inefficacité à soulager ;
  • une difficulté du patient à s’adapter à la situation. 
La douleur chronique doit être appréhendée selon un modèle bio-psycho-social, sa prise en charge reposant d’abord sur une démarche évaluative puis sur un traitement, souvent multi-modal, dont l’objectif est réadapatif.
Il est possible de distinguer trois types de douleur chronique en fonction des mécanismes à l’origine de cette dernière :
  • La douleur nociceptive ou par excès de nociception ou encore inflammatoire est une douleur due à une stimulation persistante et excessive des récepteurs périphériques de la douleur : les nocicepteurs. Ce type de douleur peut survenir dans un contexte de cancer mais également dans des contextes plus ‘bénins’ comme la maladie arthrosique. La douleur nociceptive répond aux antalgiques, cette approche pharmacologique devant être intégrée à une approche thérapeutique plus globale commune à toute douleur chronique.
  • la douleur neuropathique liée à une lésion ou une maladie affectant le système somato-sensoriel. L’atteinte du système somato-sensoriel peut survenir dans un contexte neurologique évident (douleur survenant après un zona, neuropathie diabétique douloureuse, douleur central survenant après un accident vasculaire cérébral..). Elle survient aussi  fréquemment dans un contexte non neurologique comme les suites post-opératoires, la chirurgie (même bénigne) étant souvent responsable de lésions nerveuses. Elle se caractérise par des douleurs à type de brulures ou de décharges électriques avec à l’examen clinique une moindre sensibilité ou, au contraire, une douleur induite par un stimulus non douloureux. Elle est souvent associée à des signes sensitifs non douloureux ( fourmillements, picotements, engourdissements,  prurit). Sur le plan pharmacologique, la douleur neuropathique répond mal aux antalgiques et elle justifie en première intention de certains anti-épileptiques et/ou de certains anti-dépresseurs.
  •  la douleur dysfonctionnelle ou centrale : Il s’agit d’une douleur liée à un dysfonctionnement des systèmes de contrôle de la douleur sans lésion identifiée. 
    Les douleurs dysfonctionnelles les plus fréquentes sont la fibromyalgie, la céphalée de tension, la colopathie ‘fonctionnelle’ ou la cystite interstitielle.
    En l’état de nos connaissances, la douleur dysfonctionnelle répond peu au traitement pharmacologique et sa prise en charge thérapeutique fait plus appel à des approches non-pharmacologiques