jeudi 6 juin 2013

Corps et esprit : indissociables


Cerveau en méditation
Jeudi 6 juin 2013 à 19h à l'auditorium de la Cité des sciences
De plus en plus répandue en Occident, la méditation est notamment utilisée à des fins thérapeutiques. L'expérience est à la fois mentale et corporelle. Les neurosciences s'y intéressent, et évaluent les changements cérébraux favorisant l'attention et la gestion des émotions.

Deux approches complémentaires :
Qu'est-ce que méditer ?
par Claire Petitmengin

Alors que de nombreuses traditions contemplatives oublient ou maltraitent le corps, dans la tradition bouddhiste le corps est le lieu essentiel de la pratique méditative. Méditer, ce n’est pas chercher à atteindre un état de conscience particulier, c’est apprendre à arrêter se quitter soi-même pour être présent à son expérience, instant après instant. Or le corps est ce point d’ancrage qui permet de cesser de se perdre dans le passé ou dans l’avenir pour se rassembler dans le présent. Lorsque la présence au corps s’intensifie, le méditant prend conscience des tensions qui le coupent ordinairement de son expérience immédiate, ce qui lui permet de les relâcher, et par là de retrouver son intégrité, son entièreté. Plus son attention s’affine, plus les tensions reconnues, à la source des pensées ou suscitées par elles, deviennent subtiles, plus son espace intérieur se décloisonne et se libère. Peu à peu, dans l’expérience du corps éprouvé, la distinction rigide ordinairement perçue entre « esprit » et « corps » se fragilise, jusqu’à disparaître.




Impact des pratiques de méditation sur le cerveau et le corps
par Antoine Lutz

Le terme de méditation recouvre une diversité d’entraînements mentaux allant des techniques tournées vers la relaxation jusqu’à des exercices visant à atteindre, par exemple, un sentiment profond de bien-être. Il s’agit d’une famille de méthodes complexes de régulation des émotions et de l’attention, mises en œuvre à des fins variées, dont la compréhension de la nature des phénomènes mentaux et l’équilibre des affects. Nous nous concentrerons ici sur les méthodes d’origine bouddhiste, qui sont pratiquées aujourd’hui dans un contexte traditionnel ou séculier.
Depuis quelques années il y a un intérêt croissant parmi les neuroscientifiques, psychologues et cliniciens pour comprendre les mécanismes cognitifs et neuronaux sous-tendant les pratiques contemplatives, leurs effets sur la santé mentale et physique et les applications possibles pour l’éducation.
Dans la première partie de cet exposé nous présenterons comment les changements dans les états émotionnels et cognitifs induits par la pratique de méditation produisent des changements fonctionnels et structuraux dans le cerveau. Nous aborderons surtout trois types de méditation : la méditation par attention focalisée, la surveillance ouverte (ou pleine conscience) et la compassion. Ces techniques sont aujourd’hui utilisées en milieu hospitalier notamment dans le cadre de la prévention de la rechute dans la dépression et le traitement de la douleur chronique. Dans la deuxième partie de cet exposé, nous montrerons comment ces pratiques influences également le corps et notamment la physiologie du stress et de l’inflammation, voire le vieillissement cellulaire